Description de la cathédrale
Sa position
Un mot sur son emplacement et de la belle vue dont on jouit devant la façade.
Dès 1875, Mgr Ferdinand Vitte, évêque d’Anatasiopolis, Vicaire Apostolique de la Nouvelle Calédonie, et M. l’Amiral de Pritzbuer, gouverneur de la Nouvelle Calédonie, avaient désigné l’emplacement destiné à l’église de Nouméa ; cet emplacement, sur le flanc de la colline qui termine le cap Horn, ne pouvait être mieux choisi.
En examinant la distribution de la population sur la plaine qui s’étend du quai au pied de la colline du Sémaphore et dans les différentes vallées, on s’aperçoit que la nouvelle église est beaucoup plus centrale que l’ancienne chapelle élevée par les soldats, dans les premiers temps de l’occupation française. D’un autre point de vue encore, l’emplacement de l’église a été bien choisi : en sortant de l’édifice par la grande porte on a sous les yeux un panorama magnifique. Un peu à gauche, les bâtiments de l’artillerie qui s’étagent sur la colline, dont le pied est baigné par la baie de la Moselle, refuge des petits navires en cas de mauvais temps. À peu près en face, la grande rade qui donne accès au port de Nouméa, puis, en tournant peu à peu sur la droite, l’Île Nou avec ses mamelons arrondis, entre lesquels apparaît la pleine mer, puis la presqu’île Ducos aux nombreuses découpures, enfin dans le lointain, les hautes montagnes de Païta. Immédiatement aux pieds du spectateur, c’est la ville de Nouméa, avec ses rues tirées au cordeau, ses toits bleuâtres, ses jardins, la Place des Cocotiers, la Place Feuillet, la Place Courbet et le Square Olry. Au-delà de la ville, c’est la belle rade de Nouméa
D’autre part, vue d’un navire arrivant à Nouméa, la position de notre Cathédrale est absolument remarquable. Dans les divers mouvements que fait le vapeur pour suivre la route classique qui donne accès à notre port, on voit défiler devant soi les différentes îles et presqu’îles qui avoisinent notre ville.
À un moment donné, par une trouée dans les collines, on entrevoit un instant seulement la masse imposante de l’église et de ses deux tours. Puis après un dernier détour, alors que la ville se découvre peu à peu de Nord et du Sud, on la revoit dominant majestueusement la ville couchée à ses pieds. De l’avis unanime, elle a très grand air et fait une excellente impression : la religion qu’elle représente doit être importante à Nouméa.
Dimension de l’église
L’église Saint Joseph de Nouméa est construite en forme de croix latine : à l’intérieur, elle mesure 56 mètres environ, depuis la porte d’entrée jusqu’au fond du chœur ; la largeur de l’unique nef est de 12 m ; le transept a, d’une extrémité à l’autre, 30 m ; chacun de ses bras forme donc un carré parfait de 12 m de côté ; la hauteur sous clef de voûte atteint un peu plus de 15 m.
Elle compte 800 places assises, suffisante pour les jours ordinaires, mais, pour les jours de grande fête, elle est notoirement insuffisante ; quand une cérémonie solennelle a lieu, il y a presque autant de monde debout et dehors que dedans.
L’extérieur de l’église
Bâtie dans le style ogival qui donne à l’édifice un aspect à la fois grandiose et religieux, notre Cathédrale est un des principaux monuments de la ville.
Sa façade, large de 16 mètres, haute de 18 au pignon, encadrée de deux tours de 25 m est harmonieuse : ni trop large, ni trop étroite. Elle comprend une grande rosace de 2,30 m de diamètre, surmontée de la statue de Notre Dame des Flots ; une ouverture de 4,50 m de hauteur sur 2,50 m de largeur fermée par une porte artistique en fer forgé et entourée d’une série de cinq élégantes colonnes pilastres qui embrassent une largeur de près de 6 m sur 8 m de haut, et enfin les deux robustes tours en pierre taillée d’une largeur de 5 mètres, à la base. Ces tours sont percées de longues fenêtres géminées de 1,50 m de large sur 6 m de haut, munies d’abat-son pour la partie où sont logées les cloches, d’une rosace pour le cadran de l’horloge et d’une fenêtre plus petite pour éclairer le baptistère ou l’escalier.
Tout cet ensemble, entrecoupé de cordons, de nervures, de contreforts, présente à la fois un caractère de force et d’élégance agréablement unies.
Les côtés de l’église, à l’extérieur, ne présentent aucun cachet spécial, en dehors des portes ménagées à mi-longueur pour faciliter la sortie des fidèles. Le transept continue les côtés, mais toute l’abside de l’église est entourée d’appartements de 5 m de large qui servent de sacristie.
Au chevet de l’église, en arrière, se trouve la chapelle de l’enfant Jésus, qui sert pour les réunions de Confréries et aussi, de classe - chapelle de catéchisme pour les garçons, malgré la surveillance rendue difficile les enfants étant rangés sur un espace trop large pour sa profondeur.
Et puis, excellent atout, autour de l’église règne une terrasse qui sert de lieu de récréation pour les enfants et surtout d’emplacement pour les processions.
La toiture en forte tôle galvanisée est ornée de gracieuses lucarnes destinées à l’aération de la voûte. Son arête est ornée d’une crête élégamment découpée et au chevet de l’église se trouve un bel épi orné de choux et de campanules, évitant la monotonie d’un faîtage ordinaire.
L’intérieur de l’église
Un porche de 9 m de large sur 3,20 m de profondeur sépare la porte en fer forgé de la lourde porte d’acacia qui ferme l’église proprement dite. Ce porche est très utile. Il sert pour les cérémonies préliminaires au baptême, puisqu’il donne accès dans le baptistère. Il sert aussi, étant un intermédiaire entre l’église et le dehors, pour admirer le magnifique panorama de la ville, borné par la mer, sans manquer au respect dû au saint lieu. Deux immenses coquilles, servant de bénitiers sont placées de chaque côté de la grande porte. C’est bien là le vestibule d’une église.
Entrons dans l’église elle-même.
Tout d’abord, l’œil s’élève pour suivre les nervures de sa voûte ogivale. Plus d’un visiteur, après en avoir admiré la hardiesse, a voulu savoir quels matériaux entraient dans sa construction. Évidemment, disaient plusieurs, les nervures sont en fer ; il serait bien difficile, sinon impossible, de faire prendre et garder au bois des courbes si variées et si régulières. On dit même qu’un d’eux voulut les examiner de près, les palper avant de croire qu’elles étaient en bois.
Cette voûte a été le triomphe du R.P. Vigouroux. Il a su plier le bois et lui conserver la courbe donnée. Puis il a fait garnir en planches de kaori les intervalles des nervures. Le tout fut peint ton gris pierre. Grâce à la générosité de M. Georges Estieux, qui se chargea du travail et de tous les frais, la voûte a été peinte de nouveau, d’un ton un peu plus clair. Certainement, cette voûte a été dans l’église la partie la plus louée, et à juste titre, car c’est elle qui donne au monument son cachet majestueux et imposant.
Pour certains connaisseurs la voûte peut paraître écrasée. Assurément, elle aurait gagné beaucoup à être plus relevée et nos cathédrales de France ont des voûtes à 30, 40, 50 mètres du sol, mais dans une région tropicale on n’approchera jamais de ces hauteurs. Malgré cette absence de grande élévation de la voûte, l’aspect général de notre église plait à l’œil ; l’autel de pierre au ton clair attire le regard et se détache parfaitement sur le fond brun des boiseries.
© Textes : Père Henri Boileau (1874-1966)
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